Dans un contexte de tensions croissantes entre les défenseurs des pratiques de chasse ancestrales et les institutions européennes soucieuses de la conservation de la biodiversité, une importante manifestation de chasseurs s’est tenue récemment devant les locaux de la Fédération Départementale des Chasseurs (FDC). Ils étaient plusieurs milliers, venant des quatre coins du pays, rassemblés pour défendre ce qu’ils considèrent comme un patrimoine en péril : les chasses traditionnelles.
La montée en puissance des contestations : pourquoi les chasseurs sont-ils descendus dans la rue ?
Les chasses dites « traditionnelles », telles que la chasse à la glu, la chasse à la palombe au filet ou encore la chasse aux grives à la matole, sont depuis des années dans le viseur des associations de protection de la nature et de la faune. Ces techniques, bien que légales dans certaines régions et profondément ancrées dans le patrimoine culturel local, sont jugées « cruelles » par certaines voix, en raison de leur impact potentiel sur la biodiversité.
La chasse à la glu, par exemple, consiste à enduire de colle certaines branches d’arbres pour capturer des oiseaux, qui sont ensuite utilisés comme appelants pour attirer d’autres oiseaux dans des filets ou des cages. Cette pratique a été suspendue en 2021 après une décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui l’a jugée non conforme aux directives de protection des oiseaux migrateurs. D’autres techniques, comme la chasse à la matole, qui consiste à capturer des grives dans de petites cages métalliques, sont également critiquées.
Face à cette remise en cause des pratiques séculaires, les chasseurs se sentent attaqués dans leur identité même. Pour eux, la chasse ne se résume pas à un simple loisir : c’est une tradition qui a façonné des régions entières et qui participe à l’équilibre des écosystèmes locaux. Comme l’explique Michel, un chasseur de longue date venu des Landes, « Nous sommes avant tout des amoureux de la nature. La chasse fait partie de notre patrimoine et de notre manière de vivre. Elle nous permet d’entretenir un lien direct avec la faune, tout en assurant un équilibre dans la régulation des populations animales. »